Au début était l'énergie...
C'est devenu une banalité que de dire
« Le changement climatique c'est maintenant ! » Cela implique
que nous n'avons pas de temps à perdre en rabâchage jusqu'à plus soif
des arguments pour et contre, des recettes pour faire face au
réchauffement climatique, car c'est fait et refait. Il s'agit à
présent de ne plus perdre de temps et de mettre en œuvre les bonnes
mesures TOUT DE SUITE, à tous les niveaux et ça n'est pas le travail
qui manque...
Une petite revue des priorités
- Limiter
le réchauffement et donc réduire drastiquement les gaz à effet de serre
- Agir
très vite sur les énergies carbonées et mettre en place des ressources énergétiques
renouvelables. Dans le même temps changer radicalement la façon dont nous
nous déplaçons et aller le plus vite possible vers des véhicules vertueux,
tournant le dos aux voitures électriques qui, du fait des batteries et de
nombreux composants, sont loin d'être écologiques
- Gagner
la bataille de l'eau
- Sans
plus attendre, mettre en place un plan de réhabilitation des passoires thermiques,
tant au niveau des particuliers que des administrations
- Prendre
des mesures courageuses pour une agriculture responsable, à échelle humaine,
favorisant les circuits courts et donc excluant la course aux fermes usines
en interdisant les exploitations hors normes !
Première priorité : limiter le réchauffement et donc réduire drastiquement les gaz à
effet de serre
C'est sans
doute LA priorité transversale dans l'action du Gouvernement
qu'il est grand temps de déclarer comme cause nationale et
planétaire. Inutile de revenir sur les arguments, la philosophie, c'est
aujourd'hui une cause reconnue qui ne doit pas souffrir du
moindre
retard ou du manque de crédits.
Nous
savons à présent que tout ce qui sera fait dans ce cadre, sera gage de réussite
pour limiter le réchauffement climatique. Il en va ainsi, par exemple de
l'action mise en œuvre pour les moyens de transport et pour la lutte contre
les passoires thermiques.
Deuxième
priorité : gestion de l'Énergie
Transition
vers des sources renouvelables
État des lieux
La question est : comment réduire les émissions de CO2
qui sont la cause de réchauffement de la planète ? La réponse se trouve
dans la pratique d’un écosocialisme autogéré par notre bloc social.
Plusieurs pays dont la Belgique, l’Allemagne, le Danemark,
la France
et d’autres ont développé des modèles très détaillés de transition énergétique
basés sur 100% de sources renouvelables en 2050. C’est la seule façon
de réduire les émissions de CO2 et de méthane et de mettre
un terme au réchauffement climatique et à l’effondrement de la nature.
Ces scénarios sont tous techniquement réalisables ; ce qui manque c’est
la volonté politique. Ce manque de volonté vient du fait que les activités
à mettre en œuvre sont incompatibles avec le Mode de Production Capitaliste
(MPC) et demandent une approche systémique, c’est à dire
des actions politiques immédiates qui intègrent pleinement les enjeux
de long terme ; ce que la politique ordo-libérale est incapable d’envisager.
De plus, cette approche systémique doit inclure des actions de sobriété
contraire à la notion capitaliste de consommation sans limites :
supprimer les gaspillages, contenir l’étalement urbain, opter pour des
alternatives à la voiture, réduire les emballages .
Il
sera aussi nécessaire de diminuer la quantité d’énergie nécessaire
à la satisfaction des besoins grâce à l’efficacité énergétique (isoler
les bâtiments, améliorer le rendement des appareils électriques et de
tous les véhicules). Cette mise en œuvre est notre première priorité.
De très nombreuses associations et organisations politiques européennes
travaillent aujourd’hui sur ce sujet et sur des projets de ‘communs
de la nature’.
Le point de départ de
la mise œuvre pratique sera que la nature, et ce que le capitalisme
nomme ‘les ressources naturelles’ deviendront des communs, tout
aussi inaliénables que le travail ; c’est la pratique instituante
du mouvement écosocialiste (la création de communs) qui déterminera
comment gérer les sources d’énergie renouvelables et les ressources
naturelles qui seront réservées pour l’usage commun et qui ne seront
pas appropriables. Dérivé de la nouvelle constitution, le
cadre légal guidera la transition écologique de l’économie et le développement
de modes de production, de consommation et d’échanges plus sobres dans
le cadre du nouveau régime de propriété sociale. Ces modes ne
seront plus axés sur la productivité et le profit mais sur l’écocentrisme
et le respect des ressources naturelles, sur la valeur
d’usage, l'intérêt général des classes populaires, et l’implication
de tous selon le mode autogestionnaire. La transformation du cadre
légal permettra d’institutionnaliser les conseils et comités de quartiers
qui s’impliqueront avec les collectifs de travail et interviendront
comme ‘pouvoir populaire’ dans les activités de planification
et de gestion des communs de la nature et de la terre. Cette intervention
politique populaire sera donc au cœur de la transformation dont elle
sera l’agent actif principal. Elle est essentielle pour obtenir des
résultats.
La planification écologique
L’organisation
de la planification écologique sera une phase clé de la mise en œuvre
de l’écosocialisme ; elle se fera à partir d’un Commissariat
à la Planification Écologique (ou une entité similaire) qui aura
la responsabilité du projet et en développera les axes principaux en
collaboration et coordination étroite avec les organisations
de participation populaire dans les régions, les municipalités et les
entités économiques et administratives. Afin de prévenir un éventuel
contrôle et une mauvaise mise en place de la transition écologique par
des adversaires politiques toujours en poste dans les appareils d’état,
il sera essentiel de créer un mécanisme dit de ’bas en haut’
comprenant à la fois une remontée des demandes populaires et
le contrôle de toutes les décisions par des assemblées et des conseils
locaux. C’est là un volet institutionnel très important ; il ne
doit pas s’agir d’une autogestion animée de haut en bas par l’État mais
d’un mouvement qui partira de la base ; l’État sera, comme le
recommande les zapatistes, en situation de montrer la voie en obéissant.
Il s’agit donc de mobiliser la puissance d’intervention des classes
populaires comme nous l’avions vu en Italie avec ‘l’automne chaud’ de
1969 ou au Chili avec la création des ‘cordons industriels’ en 1972-73,
mais avec en plus la dimension écocentrique.
Sept mesures alternatives d’économie
politique, la force motrice de la transformation
- Mise
en place de la transition énergétique et création d’un pôle
public de l’énergie afin d’atteindre l’objectif 100% renouvelables
au plus tard en 2050.
- Démondialisation
de l’industrie (fabrication et services) et relocalisation
selon les objectifs déterminés par les différents territoires
afin de créer les conditions de développement durable et équilibré.
Établissement de circuits ‘d’économie circulaire’ sous la
responsabilité des conseils/comités de travail et de quartiers.
Mise en place d’un plan de transition pour la fermeture des secteurs
les plus nuisibles (nucléaire, industries des énergies fossiles,
engrais chimiques, publicité, industries du gadget, etc.) et la
reconversion totale du complexe militaro-industriel (sept
grands groupes en France) dont les technologies sont essentielles
pour la transition énergétique.
- Semaine
de travail de 4 jours (28 heures) incluse dans le nouveau code
du travail. Ceci afin de libérer du temps pour que les citoyens
puissent s’impliquer dans les associations travaillant sur la transition
énergétique et aussi afin de baisser la consommation d’énergie des
secteurs industriels et agricoles pour parvenir avant 2050 à
une réduction de 30% sur la base 2015.
- Mise
en place d’une autorité du transport public dont la responsabilité
sera la construction de réseaux très denses de transports non-polluants
(rail, routes et fleuves) et le lancement d’une politique
publique de la mobilité. Le transport routier sur les
longues distances sera réduit à un service minimum et de
nouveaux types de véhicules à ‘hydrogène propre’ seront construits.
- Transformation
des pratiques agricoles sur la base d’un plan de transition
écologique sur 15 ans. Développement d’une véritable agriculture
paysanne biologique de taille humaine offrant des produits alimentaires
de qualité pour tous. Mise en place de plans régionaux pour la
souveraineté alimentaire. Refondation de tous les accords
commerciaux en parallèle avec la fin du capitalisme agraire.
- Nouvel
aménagement des territoires et politiques urbaines axées
sur l’éco-centrisme. Refondation de la notion de développement
et de croissance afin de mettre un terme à l’urbanisation
à outrance qui fait partie du mode opératoire du MPC. Rénovation
des constructions résidentielles, commerciales et industrielles
avec mises aux normes (bandes A et B de performance énergétique).
- Mise
en place d’un grand plan de création de collectifs de travail
pour accélérer la transition en liant la recherche
(comme par exemple sur l’hydrogène) et l’application pratique
immédiate. Lancement d’un plan prioritaire ‘ travail-pour-le-climat’
combinant l’action publique, la création de collectifs
de travail autogérés avec financement bancaire (sans capitaux
propres) et l’implication des organisations syndicales.
Aspects et programmes de la gestion
des sources d’énergie renouvelables
Les
investissements publics dans la production d'électricité propre (éolien,
solaire, marées, hydro, etc.) et l’élimination progressive des modes
de production nucléaire, à base de charbon, de pétrole
et de gaz sont la priorité. Les fermetures prévues
se dérouleront parallèlement à la formation des personnes employées
dans les secteurs à éliminer (pas de chômage vert, pas de licenciement).
Les nouvelles activités de requalification doivent commencer maintenant.
(Voir les mesures proposées par les campagnes « un million d’emplois-climat
»).
Adaptation du réseau européen à la production intermittente et
à l'équilibrage des charges.
Les
investissements publics pour la construction de réseaux régionaux
et nationaux de production et de distribution d’hydrogène propre,
c’est-à-dire produit à partir d’électricité provenant des sources 100%
renouvelables, sont tout aussi prioritaires. Ceci afin de ‘décarboner’
le chauffage et la climatisation des immeubles, les transports
publics, le transport routier, etc. Cette production se fera à partir
de sites proches des industries et des lieux de stockage et de distribution.
Les
investissements publics pour un réseau ferroviaire très dense au
niveau local (tramway), régional, national et européen,
seront complétés par d'autres services de transport en commun et de
mobilité afin de desservir tous les territoires. L’objectif
est de maximiser l’utilisation des transports en commun pour toutes
les activités nécessitant de la mobilité. Coordination du transport
de marchandises par route, rail, mer, transport fluvial
et aérien afin de maximiser les économies d'énergie. Ces
mises en œuvre devront précéder toutes les mesures pénalisant les utilisateurs
d’automobiles, c’est-à-dire à l’inverse des pratiques politiques des
gouvernements ordo-libéraux aux ordres du MPC.
Un programme visant à réduire la consommation d’énergie
des espaces construits (2050), parallèlement au passage aux énergies
renouvelables (Voir les scénarios) sera mis en œuvre. Le bâtiment
représente plus de 40% des consommations d’énergie ; au moins 85% des
structures existantes doivent être rénovées (isolation du froid et
du chaud) et rééquipées (chauffage / climatisation / cuisson et
lumière) ou reconstruits pour atteindre un indice de performance
énergétique A ou B. De plus, la construction des bâtiments neufs
devra se faire avec des matériaux à faible énergie grise (bois
et isolants biosourcés). Cette nouvelle politique de construction/rénovation
permettra de créer des milliers de collectifs de travail financés par
les banques socialisées et gérées démocratiquement.
Les sites industriels seront réaménagés
pour répondre aux nouvelles exigences de sobriété énergétique avec
des normes et directives très strictes. Ces mesures concerneront
principalement les secteurs les plus énergivores, acier, ciment, aluminium,
chimie minérale et organique, etc. Afin de lancer un programme de ce type
basé sur l’hydrogène propre avant 2030, l’industrie européenne
a déjà proposé d’identifier une cinquantaine de sites industriels et
résidentiels (équivalents à 200.000 logements) qui seront connectés
à un réseau d’hydrogène propre qui remplacera celui du gaz naturel
(34 milliards €).
Il faudra aussi planifier l’interdiction et le remplacement de la fabrication
du plastique ; en attendant, le taux de recyclage pour les métaux,
plastiques et le verre sera fixé à 95%.
Pour de telles initiatives, la plupart des
exigences techniques concernant la sobriété sont établies. Toutes les
industries produisant des biens dépendants de l’énergie pour leur fonctionnement,
devront passer à un mode de production à faible consommation. Les
produits seront réparables, durables (garanties) et
recyclables, conformément aux nouvelles normes de l’État. Libérés
des contraintes de concurrence du MPC, les réseaux circulaires et collaboratifs
d’industries deviendront la norme opérationnelle afin de minimiser
les déchets et les gâchis.
Les modes de transport
dépendants des combustibles fossiles (moteurs à explosion) seront
éliminés d'ici 2040 et remplacés par des véhicules à pile à combustible
fonctionnant à l’hydrogène (H2 produit avec 100% d'électricité d'origine
renouvelable) ou des véhicules à biogaz. Cela nécessitera de mobiliser
le savoir-faire et les capacités techniques des secteurs de l'automobile
et des autres formes de transport sous la direction des commissions
de planification écologique des États et de leurs organismes régionaux
et locaux. Pour la construction et le fonctionnement d'un réseau
de production et de distribution d’hydrogène avec des normes communes,
un programme à l’échelle européenne sera nécessaire.
Le secteur agricole sera aussi inclus dans l’approche
systémique selon les spécificités du scénario Afterres 2050.
La transformation se fera selon le basculement de l’agriculture capitaliste
conventionnelle vers l’agriculture biologique, l’agroécologie et
la production intégrée. L’azote de synthèse sera remplacé par l’azote
d’origine biologique ; les objectifs essentiels seront donc la fin des
intrants chimiques, et donc de la pollution mortifère des sols ainsi
que la réduction de 50% des protéines animales et leur remplacement
par des protéines végétales. Le doublement des élevages en pâturage
et la suppression des importations de soja seront aussi des
mesures importantes. Un autre aspect important sera la réalisation de
puits de carbone,
c’est-à-dire la plantation de forêts qui augmente la photosynthèse
et la pratique du non-labour qui permet de stocker davantage de carbone
dans le sol.
La
gestion des territoires sera refondée sur la base de programmes de
développement régional et local visant à relocaliser les industries
au dehors des principaux centres urbains afin de revitaliser les régions
touchées par la désindustrialisation tout en minimisant la mobilité des
personnes. Les nouveaux plans seront coordonnés entre les régions et
les pays afin qu'un nouveau développement équilibré et écologique soit
réalisé. Les industries complémentaires (comme par exemple la production
des véhicules de transport et son réseau de fournisseurs) seront relocalisées
afin de minimiser les distances et les mouvements. Le nouvel urbanisme
sera basé sur le développement de quartiers respectueux de l’environnement
avec des distances courtes entre la résidence, et les lieux de travail,
les loisirs, les magasins, les services publics et les écoles. L'agriculture
vivrière sera en symbiose avec ces quartiers respectueux de l'environnement
afin de maximiser la souveraineté alimentaire dans les territoires. La
distribution de produits alimentaires sera donc principalement basée sur
les chaînes courtes des producteurs aux utilisateurs. Des accords
européens pour coordonner la distribution alimentaire sur de plus longues
distances seront mis en place afin de minimiser l'utilisation d'énergie
et le gaspillage.
Un
effort européen de recherche fondamentale et pratique financé par les
États dans les domaines décrits ci-dessus sera lancé. Cet effort doit commencer
dès maintenant dans le cadre d’une urgence transnationale en matière
de planification et d’organisation visant à atténuer les effets du changement
climatique. Rien n’a encore été fait dans ce domaine en dépits des promesses
incluses dans les accords de la COP de Paris en 2015 ; les discours politiques
des ordo-libéraux demeurent creux et les grands rêves ne sont jamais financés.
Conclusion : tout est à faire.
L’accumulation
capitaliste continue en parfaite symbiose avec les émissions de
CO2 et d’autres gaz mortifères pour la planète. Nous voyons bien qu’avant
d’être technique, la transition énergétique est un sujet politique.
Les choix technologiques, industriels, de gouvernance ou de financement
relèvent du débat de société. Nous devons donc collectivement prendre
en compte ces problématiques ; c’est l’objectif de l’écosocialisme,
définir une transition sociale et écologique trans-nationale qui
sera mise en place de façon démocratique et non pas technocratique.
Souvenons-nous que l’évaluation des émissions de gaz à effet de
serre ne se limite pas à celles générées sur le territoire national
mais doit prendre aussi en compte celles qui sont imputables aux
biens et services que nous importons. Pour changer d’économie
politique et transformer le MPC il nous faut changer de paradigme.
Pour le moment, le MPC nous envoie dans le mur ; il faut agir vite
!
À suivre...