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17 décembre 2022

La transition écologique au lieu d'en parler, il faut la faire ! Épisode 1/5

 

Au début était l'énergie...

C'est devenu une banalité que de dire « Le changement climatique c'est maintenant ! » Cela implique que nous n'avons pas de temps à perdre en rabâchage jusqu'à plus soif des arguments pour et contre, des recettes pour faire face au réchauffement climatique, car c'est fait et refait. Il s'agit à présent de ne plus perdre de temps et de mettre en œuvre les bonnes mesures TOUT DE SUITE, à tous les niveaux et ça n'est pas le travail qui manque...

Une petite revue des priorités

  1. Limiter le réchauffement et donc réduire drastiquement les gaz à effet de serre
  2. Agir très vite sur les énergies carbonées et mettre en place des ressources énergétiques renouvelables. Dans le même temps changer radicalement la façon dont nous nous déplaçons et aller le plus vite possible vers des véhicules vertueux, tournant le dos aux voitures électriques qui, du fait des batteries et de nombreux composants, sont loin d'être écologiques
  3. Gagner la bataille de l'eau
  4. Sans plus attendre, mettre en place un plan de réhabilitation des passoires thermiques, tant au niveau des particuliers que des administrations
  5. Prendre des mesures courageuses pour une agriculture responsable, à échelle humaine, favorisant les circuits courts et donc excluant la course aux fermes usines en interdisant les exploitations hors normes ! 
Première priorité : limiter le réchauffement et donc réduire drastiquement les gaz à effet de serre

C'est sans doute LA priorité transversale dans l'action du Gouvernement qu'il est grand temps de déclarer comme cause nationale et planétaire. Inutile de revenir sur les arguments, la philosophie, c'est aujourd'hui une cause reconnue qui ne doit pas souffrir du moindre retard ou du manque de crédits.

Nous savons à présent que tout ce qui sera fait dans ce cadre, sera gage de réussite pour limiter le réchauffement climatique. Il en va ainsi, par exemple de l'action mise en œuvre pour les moyens de transport et pour la lutte contre les passoires thermiques.

Deuxième priorité : gestion de l'Énergie

Transition vers des sources renouvelables

État des lieux

L
a question est : comment réduire les émissions de CO2 qui sont la cause de réchauffement de la planète ? La réponse se trouve dans la pratique d’un écosocialisme autogéré par notre bloc social. Plusieurs pays dont la Belgique, l’Allemagne, le Danemark, la France
1
et d’autres ont développé des modèles très détaillés de transition énergétique basés sur 100% de sources renouvelables en 2050. C’est la seule façon de réduire les émissions de CO2 et de méthane et de mettre un terme au réchauffement climatique et à l’effondrement de la nature. Ces scénarios sont tous techniquement réalisables ; ce qui manque c’est la volonté politique. Ce manque de volonté vient du fait que les activités à mettre en œuvre sont incompatibles avec le Mode de Production Capitaliste (MPC) et demandent une approche systémique, c’est à dire des actions politiques immédiates qui intègrent pleinement les enjeux de long terme ; ce que la politique ordo-libérale est incapable d’envisager. De plus, cette approche systémique doit inclure des actions de sobriété contraire à la notion capitaliste de consommation sans limites : supprimer les gaspillages, contenir l’étalement urbain, opter pour des alternatives à la voiture, réduire les emballages . 
Il sera aussi nécessaire de diminuer la quantité d’énergie nécessaire à la satisfaction des besoins grâce à l’efficacité énergétique (isoler les bâtiments, améliorer le rendement des appareils électriques et de tous les véhicules). Cette mise en œuvre est notre première priorité. De très nombreuses associations et organisations politiques européennes travaillent aujourd’hui sur ce sujet et sur des projets de ‘communs de la nature’.

L
e point de départ de la mise œuvre pratique sera que la nature, et ce que le capitalisme nomme ‘les ressources naturelles’ deviendront des communs, tout aussi inaliénables que le travail ; c’est la pratique instituante du mouvement écosocialiste (la création de communs) qui déterminera comment gérer les sources d’énergie renouvelables et les ressources naturelles qui seront réservées pour l’usage commun et qui ne seront pas appropriables. Dérivé de la nouvelle constitution, le cadre légal guidera la transition écologique de l’économie et le développement de modes de production, de consommation et d’échanges plus sobres dans le cadre du nouveau régime de propriété sociale. Ces modes ne seront plus axés sur la productivité et le profit mais sur l’écocentrisme et le respect des ressources naturelles, sur la valeur d’usage, l'intérêt général des classes populaires, et l’implication de tous selon le mode autogestionnaire. La transformation du cadre légal permettra d’institutionnaliser les conseils et comités de quartiers qui s’impliqueront avec les collectifs de travail et interviendront comme ‘pouvoir populaire’ dans les activités de planification et de gestion des communs de la nature et de la terre. Cette intervention politique populaire sera donc au cœur de la transformation dont elle sera l’agent actif principal. Elle est essentielle pour obtenir des résultats.

La planification écologique
 
L’
organisation de la planification écologique sera une phase clé de la mise en œuvre de l’écosocialisme ; elle se fera à partir d’un Commissariat à la Planification Écologique (ou une entité similaire) qui aura la responsabilité du projet et en développera les axes principaux en collaboration et coordination étroite avec les organisations de participation populaire dans les régions, les municipalités et les entités économiques et administratives. Afin de prévenir un éventuel contrôle et une mauvaise mise en place de la transition écologique par des adversaires politiques toujours en poste dans les appareils d’état, il sera essentiel de créer un mécanisme dit de ’bas en haut’ comprenant à la fois une remontée des demandes populaires et le contrôle de toutes les décisions par des assemblées et des conseils locaux. C’est là un volet institutionnel très important ; il ne doit pas s’agir d’une autogestion animée de haut en bas par l’État mais d’un mouvement qui partira de la base ; l’État sera, comme le recommande les zapatistes, en situation de montrer la voie en obéissant. Il s’agit donc de mobiliser la puissance d’intervention des classes populaires comme nous l’avions vu en Italie avec ‘l’automne chaud’ de 1969 ou au Chili avec la création des ‘cordons industriels’ en 1972-73, mais avec en plus la dimension écocentrique.

Sept mesures alternatives d’économie politique, la force motrice de la transformation

  1. Mise en place de la transition énergétique et création d’un pôle public de l’énergie afin d’atteindre l’objectif 100% renouvelables au plus tard en 20502.
  2. Démondialisation de l’industrie (fabrication et services) et relocalisation selon les objectifs déterminés par les différents territoires afin de créer les conditions de développement durable et équilibré. Établissement de circuits ‘d’économie circulaire’ sous la responsabilité des conseils/comités de travail et de quartiers. Mise en place d’un plan de transition pour la fermeture des secteurs les plus nuisibles (nucléaire, industries des énergies fossiles, engrais chimiques, publicité, industries du gadget, etc.) et la reconversion totale du complexe militaro-industriel (sept grands groupes en France) dont les technologies sont essentielles pour la transition énergétique.
  3. Semaine de travail de 4 jours (28 heures) incluse dans le nouveau code du travail. Ceci afin de libérer du temps pour que les citoyens puissent s’impliquer dans les associations travaillant sur la transition énergétique et aussi afin de baisser la consommation d’énergie des secteurs industriels et agricoles pour parvenir avant 2050 à une réduction de 30% sur la base 2015.
  4. Mise en place d’une autorité du transport public dont la responsabilité sera la construction de réseaux très denses de transports non-polluants (rail, routes et fleuves) et le lancement d’une politique publique de la mobilité. Le transport routier sur les longues distances sera réduit à un service minimum et de nouveaux types de véhicules à ‘hydrogène propre’ seront construits.
  5. Transformation des pratiques agricoles sur la base d’un plan de transition écologique sur 15 ans. Développement d’une véritable agriculture paysanne biologique de taille humaine offrant des produits alimentaires de qualité pour tous. Mise en place de plans régionaux pour la souveraineté alimentaire. Refondation de tous les accords commerciaux en parallèle avec la fin du capitalisme agraire.
  6. Nouvel aménagement des territoires et politiques urbaines axées sur l’éco-centrisme. Refondation de la notion de développement et de croissance afin de mettre un terme à l’urbanisation à outrance qui fait partie du mode opératoire du MPC. Rénovation des constructions résidentielles, commerciales et industrielles avec mises aux normes (bandes A et B de performance énergétique).
  7. Mise en place d’un grand plan de création de collectifs de travail pour accélérer la transition en liant la recherche (comme par exemple sur l’hydrogène) et l’application pratique immédiate. Lancement d’un plan prioritaire ‘ travail-pour-le-climat’ combinant l’action publique, la création de collectifs de travail autogérés avec financement bancaire (sans capitaux propres) et l’implication des organisations syndicales.
Aspects et programmes de la gestion des sources d’énergie renouvelables

L
es investissements publics dans la production d'électricité propre (éolien, solaire, marées, hydro, etc.) et l’élimination progressive des modes de production nucléaire, à base de charbon, de pétrole et de gaz sont la priorité. Les fermetures prévues se dérouleront parallèlement à la formation des personnes employées dans les secteurs à éliminer (pas de chômage vert, pas de licenciement). Les nouvelles activités de requalification doivent commencer maintenant. (Voir les mesures proposées par les campagnes « un million d’emplois-climat »)3
. Adaptation du réseau européen à la production intermittente et à l'équilibrage des charges.

Les investissements publics pour la construction de réseaux régionaux et nationaux de production et de distribution d’hydrogène propre, c’est-à-dire produit à partir d’électricité provenant des sources 100% renouvelables, sont tout aussi prioritaires. Ceci afin de ‘décarboner’ le chauffage et la climatisation des immeubles, les transports publics, le transport routier, etc. Cette production se fera à partir de sites proches des industries et des lieux de stockage et de distribution.

Les investissements publics pour un réseau ferroviaire très dense au niveau local (tramway), régional, national et européen, seront complétés par d'autres services de transport en commun et de mobilité afin de desservir tous les territoires. L’objectif est de maximiser l’utilisation des transports en commun pour toutes les activités nécessitant de la mobilité. Coordination du transport de marchandises par route, rail, mer, transport fluvial et aérien afin de maximiser les économies d'énergie. Ces mises en œuvre devront précéder toutes les mesures pénalisant les utilisateurs d’automobiles, c’est-à-dire à l’inverse des pratiques politiques des gouvernements ordo-libéraux aux ordres du MPC.

U
n programme visant à réduire la consommation d’énergie des espaces construits (2050), parallèlement au passage aux énergies renouvelables (Voir les scénarios) sera mis en œuvre. Le bâtiment représente plus de 40% des consommations d’énergie ; au moins 85% des structures existantes doivent être rénovées (isolation du froid et du chaud) et rééquipées (chauffage / climatisation / cuisson et lumière) ou reconstruits pour atteindre un indice de performance énergétique A ou B. De plus, la construction des bâtiments neufs devra se faire avec des matériaux à faible énergie grise (bois et isolants biosourcés). Cette nouvelle politique de construction/rénovation permettra de créer des milliers de collectifs de travail financés par les banques socialisées et gérées démocratiquement.

L
es sites industriels seront réaménagés pour répondre aux nouvelles exigences de sobriété énergétique avec des normes et directives très strictes. Ces mesures concerneront principalement les secteurs les plus énergivores, acier, ciment, aluminium, chimie minérale et organique, etc. Afin de lancer un programme de ce type basé sur l’hydrogène propre avant 2030, l’industrie européenne a déjà proposé d’identifier une cinquantaine de sites industriels et résidentiels (équivalents à 200.000 logements) qui seront connectés à un réseau d’hydrogène propre qui remplacera celui du gaz naturel (34 milliards
). Il faudra aussi planifier l’interdiction et le remplacement de la fabrication du plastique ; en attendant, le taux de recyclage pour les métaux, plastiques et le verre sera fixé à 95%.

P
our de telles initiatives, la plupart des exigences techniques concernant la sobriété sont établies. Toutes les industries produisant des biens dépendants de l’énergie pour leur fonctionnement, devront passer à un mode de production à faible consommation. Les produits seront réparables, durables (garanties) et recyclables, conformément aux nouvelles normes de l’État. Libérés des contraintes de concurrence du MPC, les réseaux circulaires et collaboratifs d’industries deviendront la norme opérationnelle afin de minimiser les déchets et les gâchis.

L
es modes de transport dépendants des combustibles fossiles (moteurs à explosion) seront éliminés d'ici 2040 et remplacés par des véhicules à pile à combustible fonctionnant à l’hydrogène (H2 produit avec 100% d'électricité d'origine renouvelable) ou des véhicules à biogaz. Cela nécessitera de mobiliser le savoir-faire et les capacités techniques des secteurs de l'automobile et des autres formes de transport sous la direction des commissions de planification écologique des États et de leurs organismes régionaux et locaux. Pour la construction et le fonctionnement d'un réseau de production et de distribution d’hydrogène avec des normes communes, un programme à l’échelle européenne sera nécessaire.

L
e secteur agricole sera aussi inclus dans l’approche systémique selon les spécificités du scénario Afterres 20504. La transformation se fera selon le basculement de l’agriculture capitaliste conventionnelle vers l’agriculture biologique, l’agroécologie et la production intégrée. L’azote de synthèse sera remplacé par l’azote d’origine biologique ; les objectifs essentiels seront donc la fin des intrants chimiques, et donc de la pollution mortifère des sols ainsi que la réduction de 50% des protéines animales et leur remplacement par des protéines végétales. Le doublement des élevages en pâturage et la suppression des importations de soja seront aussi des mesures importantes. Un autre aspect important sera la réalisation de puits de carbone5
, c’est-à-dire la plantation de forêts qui augmente la photosynthèse et la pratique du non-labour qui permet de stocker davantage de carbone dans le sol.

La gestion des territoires sera refondée sur la base de programmes de développement régional et local visant à relocaliser les industries au dehors des principaux centres urbains afin de revitaliser les régions touchées par la désindustrialisation tout en minimisant la mobilité des personnes. Les nouveaux plans seront coordonnés entre les régions et les pays afin qu'un nouveau développement équilibré et écologique soit réalisé. Les industries complémentaires (comme par exemple la production des véhicules de transport et son réseau de fournisseurs) seront relocalisées afin de minimiser les distances et les mouvements. Le nouvel urbanisme sera basé sur le développement de quartiers respectueux de l’environnement avec des distances courtes entre la résidence, et les lieux de travail, les loisirs, les magasins, les services publics et les écoles. L'agriculture vivrière sera en symbiose avec ces quartiers respectueux de l'environnement afin de maximiser la souveraineté alimentaire dans les territoires. La distribution de produits alimentaires sera donc principalement basée sur les chaînes courtes des producteurs aux utilisateurs. Des accords européens pour coordonner la distribution alimentaire sur de plus longues distances seront mis en place afin de minimiser l'utilisation d'énergie et le gaspillage.

Un effort européen de recherche fondamentale et pratique financé par les États dans les domaines décrits ci-dessus sera lancé. Cet effort doit commencer dès maintenant dans le cadre d’une urgence transnationale en matière de planification et d’organisation visant à atténuer les effets du changement climatique. Rien n’a encore été fait dans ce domaine en dépits des promesses incluses dans les accords de la COP de Paris en 2015 ; les discours politiques des ordo-libéraux demeurent creux et les grands rêves ne sont jamais financés.

Conclusion : tout est à faire.
L’accumulation capitaliste continue en parfaite symbiose avec les émissions de CO2 et d’autres gaz mortifères pour la planète. Nous voyons bien qu’avant d’être technique, la transition énergétique est un sujet politique. Les choix technologiques, industriels, de gouvernance ou de financement relèvent du débat de société. Nous devons donc collectivement prendre en compte ces problématiques ; c’est l’objectif de l’écosocialisme, définir une transition sociale et écologique trans-nationale qui sera mise en place de façon démocratique et non pas technocratique. Souvenons-nous que l’évaluation des émissions de gaz à effet de serre ne se limite pas à celles générées sur le territoire national mais doit prendre aussi en compte celles qui sont imputables aux biens et services que nous importons. Pour changer d’économie politique et transformer le MPC il nous faut changer de paradigme. Pour le moment, le MPC nous envoie dans le mur ; il faut agir vite !
 
 
À suivre...


5 Association négaWatt, La transition énergétique au cœur d’une transition sociétale, (Octobre 2021), 13. https://www.negawatt.org/IMG/pdf/synthese-scenario-negawatt-2022.pdf


L'article épinglé

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